Robbie Parker,
CFA, Directeur des investissements
Le point des gérants | Lettre Perspective AVRIL 2023 | TECHNIQUES
De crise en crise… Vers quoi nous dirigeons-nous ? Une nouvelle crise !
Robbie Parker CFA, CIO, se penche sur les crises à effet boule de neige auxquelles l’Europe est confrontée.
Lors de la clôture des bourses européennes le 19 février 2020, le marché faisait preuve d’une certaine infaillibilité. Les taux d’intérêt étaient fixés à -0,5 %, le marché avait progressé de 3,4 % depuis le début de l’année et l’assouplissement quantitatif semblait avoir des effets négatifs limités, les prix étant restés stables dans l’ensemble de l’économie.
Depuis lors, de multiples crises ont commencé à faire boule de neige. La pandémie de grippe aviaire a entraîné une crise de la chaîne d’approvisionnement, ce qui a entraîné une crise de l’inflation, aggravée par la guerre en Europe, provoquant une crise de l’énergie, elle-même à l’origine d’une crise du coût de la vie. Pour contrer l’inflation, grâce en partie à l’apport généreux de liquidités de la Banque centrale européenne (BCE) pour atténuer les effets de la pandémie, les taux d’intérêt sont passés de -0,5 % à 3 %. La dette publique s’élevant à 93 % du PIB dans toute l’Europe, cette situation a accentué la pression sur les budgets publics limités et déjà soumis à de fortes contraintes. Enfin, une crise bancaire s’est déclenchée lorsque le Crédit suisse, l’une des plus grandes banques du continent, a été mis à genoux et a fusionné avec UBS. Dans des conditions de marché normales, cela aurait provoqué un choc raisonnable pour le système. Mais qu’est-ce qui est normal de nos jours ? Si la réaction a été immédiate, le soutien de la Banque nationale suisse a rassuré les investisseurs et les marchés ont poursuivi leur lente remontée.
Thungela Resources (producteur de charbon) Prix du pétrole ($/baril)
Source : Osmosis IM, Bloomberg
Les actions des banques centrales ont des conséquences et les implications pour l’économie réelle semblent différer de ce que les marchés boursiers nous font croire. Des grèves dans le secteur public ont lieu presque partout au Royaume-Uni, les syndicats se battant pour obtenir des augmentations de salaire ajustées à l’inflation. La France est en feu pour protester contre le relèvement de l’âge de la retraite et, en Allemagne, qui n’est pas connue pour sa culture de la grève, des débrayages ont été organisés par deux des principaux syndicats du secteur des transports. Malgré cette accumulation de crises, l’Eurostoxx 50 a progressé de 19,3 % au cours de l’année qui s’achève le 31 mars 2023, soit une annualisation de 5,8 % depuis le 19 février 2020.
Source : Osmosis IM, Bloomberg
L’éléphant dans le magasin de porcelaine reste la crise climatique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a récemment publié le quatrième et dernier volet de son sixième rapport d’évaluation (AR6) *. Le communiqué de presse a commencé sur un ton positif : « Il existe de multiples options réalisables et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique d’origine humaine, et ces options sont disponibles dès maintenant », mais le rapport reste déprimant. Ce qui apparaît clairement, ce sont les investissements massifs nécessaires pour éviter les scénarios les plus pessimistes. Comme le prévoient les auteurs du rapport, « les émissions de CO2 projetées à partir des infrastructures existantes de combustibles fossiles, sans réduction supplémentaire, dépasseraient le budget carbone restant de 1,5°C. » Comme l’indique le rapport, les avantages à court terme sont attrayants, car ils s’accompagnent d’une amélioration de la qualité de l’air et de bénéfices pour la santé. Les risques à court terme sont considérables. « Le report des mesures d’atténuation et d’adaptation aurait pour effet de bloquer les infrastructures à fortes émissions, d’augmenter les risques d’immobilisation d’actifs et d’escalade des coûts, de réduire la faisabilité et d’accroître les pertes et les dommages. »
L’Europe semble résolue à atteindre son objectif de 1,5°C. Le prix du carbone s’approche à nouveau de la barre des 100 euros par tonne et, fait important, le mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM) entrera dans une phase de transition à partir du 1er octobre 2023. Il s’agit de la première approche véritablement mondiale de la tarification du risque d’externalité mondiale que constitue le problème mondial du carbone. Comme le précise le rapport AR6, les « communautés vulnérables qui ont historiquement le moins contribué au changement climatique actuel sont affectées de manière disproportionnée » et, parallèlement à toutes les autres crises en cours, il sera intéressant de voir la fermeté de l’Europe dans cette entreprise.
Bien que l’Europe soit en proie à des crises, l’Eurostoxx s’est montré résistant et a enregistré des rendements positifs depuis le début de la pandémie de grippe aviaire. L’urgence et l’ampleur de la crise climatique finiront-elles par briser la tendance ? Nous craignons que les marchés n’évaluent la crise climatique de la même manière que toutes les autres crises – en fermant les yeux et en priant. Malheureusement, la banque centrale ne peut être d’aucun secours dans cette dernière !
*https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/resources/spm-headline-statements/
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