Edouard Lepelletier
REsponsable TPM

Le point des gérants | Lettre Perspective avril 2023 |  TECHNIQUES

Economie de partage : un modèle disruptif  
pour avancer vers la transition écologique. 

103 084, c’est le nombre de Parisiens qui se sont prononcés le week-end du 2 avril contre les trottinettes en libre-service, faisant ainsi de Paris la première capitale européenne à les interdire complètement.

C’est donc un coup dur porté à Lime, Tier et Dott, les trois opérateurs proposant ce service qui, derrière une offre de déplacement séduisante, cache un piètre bilan carbone. Une trottinette électrique partagée de deuxième génération émet toujours six fois plus de CO2 par km que le métro. Bien sûr, elle pollue trois fois moins qu’une voiture, mais n’est qu’un pis-aller à des moyens de transport plus polluants. 

Cela étant dit, l’économie de partage est une tendance émergente qui promeut de nouvelles formes de consommation collaborative. En prônant l’usage commun des biens et des services, non seulement elle permet d’optimiser l’utilisation des ressources et de minimiser les coûts pour les consommateurs, mais elle est aussi un formidable moteur pour l’innovation en incitant les acteurs à concevoir de nouveaux produits et services répondant aux besoins du marché. L’économie de partage encourage également les entrepreneurs à créer des plateformes collaboratives, sous la forme de sites web, applications mobiles ou réseaux sociaux permettant la mise en relation entre utilisateurs et fournisseurs de services ou de produits. Aujourd’hui, la plateforme de ventes de vêtements de seconde main Vinted revendique 23 millions d’usagers, soit 1 Français sur 3 (1) 

L’économie de partage permet également de réduire les coûts de production et de consommation grâce à plusieurs mécanismes, comme le partage des ressources – voitures, logements, outils, équipements… – qui permet de répartir les coûts fixes entre plusieurs personnes et de réduire le coût de possession de ces ressources. Au cours de l’année 2020, 294 000 Français ont utilisé un service d’autopartage (2). Les coûts d’entretien et d’assurance sont également réduits, amenant à une diminution des coûts individuels de consommation. Enfin, le partage des ressources améliore l’impact environnemental : la réduction des produits entraîne la réduction des déchets et des coûts de gestion de ces derniers pour la société en général. Aujourd’hui, ce sont deux tiers des Français qui se disent prêts à partager leurs objets plutôt qu’à les posséder, soit +11 points en 3 ans (3) 

D’un point de vue environnemental, l’économie de partage s’inscrit dans le processus de développement durable en favorisant la préservation de nos ressources et la réduction des déchets. Prenons le cas de l’industrie des BTP qui génère, aujourd’hui en France, 227,5 millions de tonnes de déchets par an, dont 46 millions proviennent uniquement du bâtiment, ce qui en fait le plus gros producteur de déchets de l’hexagone. L’éco-organisme de la filière minérale annonce vouloir faire passer le taux de valorisation et recyclage de ces déchets de 76 % à 90 % d’ici 2028 (4). Dans son combat pour valoriser les déchets et lutter contre les décharges sauvages, la startup Les Ripeurs, fondée en 2017, offre, via une simple application, un service flexible et réactif de collecte et revalorisation des déchets. 

L’économie de partage soulève néanmoins des questions en termes de réglementation, de protection des consommateurs et de responsabilité juridique. Premièrement, l’utilisation de biens ou de services partagés non conformes aux normes de sécurité ou de qualité peut exposer les consommateurs à des risques d’ordre sécuritaire ou sanitaire. Deuxièmement, les consommateurs peuvent être victimes de pratiques déloyales, voire d’escroqueries, de la part de fournisseurs de services indélicats. Plusieurs pays ont légiféré sur la protection des consommateurs dans ce domaine. En Europe par exemple, la Commission européenne a publié une directive sur les services numériques à l’adresse des plateformes de l’économie de partage, imposant certaines obligations de protection des consommateurs, mais cette réglementation reste limitée. Enfin, en matière de responsabilité juridique, les fournisseurs de services de l’économie de partage pouvant être considérés comme des intermédiaires entre fournisseurs et consommateurs, il peut être difficile de déterminer les responsabilités de chacun en cas de litige lors d’une transaction. 

Un dernier point non négligeable. Les travailleurs œuvrant dans l’économie de partage sont majoritairement indépendants, ce qui signifie qu’ils ne bénéficient pas des mêmes protections sociales que les travailleurs salariés. Les plateformes de l’économie du partage peuvent également ne pas être tenues de fournir une assurance maladie, une assurance chômage ou des régimes de retraite à ces travailleurs. A cela s’ajoute la difficulté d’obtenir des avantages sociaux, tels que congés payés et congés de maladie, dans la mesure où les plateformes collaboratives ne sont pas soumises aux obligations liées au statut d’employeur. Ainsi, en octobre 2015, Uber annonçait une baisse de 20 % de ses tarifs à Paris sans avoir consulté préalablement ses chauffeurs (5). 

En résumé, l’économie de partage rend possible la réconciliation de la consommation avec un développement durable. Cependant, certaines pratiques engendrées par cette économie peuvent avoir un effet inverse sur la transition écologique et se révéler socialement défavorables. Le débat est ouvert : l’économie de partage est-elle une composante de développement durable ou une simple technique de greenwashing ? n 

(1) https://www.leparisien.fr/high-tech/cagnottes-videes-cartes-bancaires-detournees-sur-vinted-une-immense-arnaque-depouille-les-utilisateurs-23-03-2023-5G6UHTRC45HRHCU2PMLBS4XTCU.php 

(2) L’autopartage en France | Ministères Écologie Énergie Territoires (ecologie.gouv.fr) 

(3) https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/economie-collaborative. 

(4) https://learnandconnect.pollutec.com/energie-5-startups-qui-concilient-innovation-et-environnement/ 

(5) Uber baisse ses tarifs de 20 % à Paris (lemonde.fr) 

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