Steven Groslin
ASG Capital
Le Point des gérants | 20 avril 2020 | Editorial
Un choc historique
La décision, à travers le monde, de suspendre l’activité économique pour cause sanitaire a été un électrochoc pour le monde obligataire.
Par ce confinement, le désordre causé au sein de ce marché de gré à gré a engendré sa quasi fermeture. Le financement d’entreprises à travers de nouvelles obligations a été suspendu pendant de nombreuses semaines. Sur son marché secondaire, les gérants de stratégies obligataires s’appuyant sur du levier ou sans gestion active (tel que les ETFs) se sont mis à vendre leurs actifs sans aucune discrimination et à n’importe quel prix. Ces véhicules d’investissement, opérant dans cet environnement dysfonctionnel, ont provoqué l’effondrement de leurs cours en peu de temps. A cela s’est ajoutée, à travers le monde, une demande fulgurante de liquidités en US Dollar (USD) et de bons du trésor américain aux dépens d’autres actifs financiers.
Dans un premier temps, la Banque centrale américaine (Fed) n’a pas pris la pleine mesure du stress qui ébranlait toute la planète finance. Ce n’est que dans un deuxième temps, par des interventions historiques d’injections massives de liquidité, que la situation s’est stabilisée au sein du marché obligataire, enfin. Depuis, la Fed persiste et signe en affichant sa volonté d’apporter un soutien illimité, parfois en dehors du mandat qu’elle a reçu lors de sa création en 1913.
Ce que nous savons et ce que nous ne savons pas
Nous savons que les grandes Banques centrales mondiales ont pris conscience du désordre lié à ce shutdown d’un système économique très financiarisé. De plus, elles sont intervenues pour apporter une liquidité massive afin d’assurer la pérennité et le fonctionnement de ce système dont elles ont la charge de supervision. Par ailleurs, les gouvernements des grands pays concernés savent qu’ils doivent aussi apporter une réponse. Ils ont promis un soutien économique de taille pour faire face à la destruction de valeur engendrée par leur choix politique de confiner leurs populations.
A ce jour, la situation économique reste floue quant à la levée de cette période de confinement qui nous touche tous. Nous n’avons toujours pas de visibilité sur l’étendue des dégâts économiques du confinement, aussi bien sur les secteurs touchés que sur les conséquences dans le temps. De plus, nous ne pouvons pas estimer pleinement l’impact des réponses apportées par les différents gouvernements et banquiers centraux.
Avantage au USD et aux émetteurs américains
Cette crise de mars 2020 a confirmé le statut de valeur refuge du USD. Avec un avenir qui reste très incertain, le USD est la devise que le monde investisseur recherchera en priorité dès lors qu’une prochaine crise d’ordre économique, politique ou sociale éclatera.
A travers ses interventions, la Fed a clairement affiché son intention de secourir massivement son propre marché financier. Les obligations en USD de toute nature se trouvent ainsi portées par ce soutien de taille. Dans les faits et pour des raisons politiques, il est très probable que ces interventions seront orientées en priorité vers les grandes entreprises américaines. Après tout, ce sont elles qui porteront la reprise d’activité économique escomptée dans le pays.
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