Philippe Alter
Edito | 11 décembre 2019 | Marchés obligataires
Edito | Le Chêne et le Roseau
Les risques encourus sur les marchés financiers sont connus et souvent énoncés. Pourtant, lorsqu’ils se matérialisent, il est intéressant de les rappeler, de même que les moyens permettant de limiter leurs effets.
L’industrie de la gestion au Royaume-Uni vient de donner deux exemples qui méritent notre attention. Deux fonds très populaires ont été contraints de suspendre les rachats, empêchant ainsi les investisseurs de sortir et de récupérer leur capital.
Deux fonds populaires en péril
Le premier exemple concerne le Woodford Equity Income Fund (WEIF), fonds actions géré par un gérant star au Royaume-Uni (Neil Woodford) qui avait quitté Invesco pour fonder sa société de gestion. Au moment de son départ d’Invesco de très gros clients l’avaient suivi, retirant une part importante de leurs actifs pour les investir dans cette nouvelle société de gestion, au point que l’action Invesco avait fortement baissé et que les encours du nouveau fonds étaient montés à plus de 10 milliards de Livres. Par la suite, les mauvaises performances du fonds WEIF ont conduit à des rachats massifs durant de nombreux mois au point que, en juin dernier, les rachats ont été suspendus et que l’administrateur du fonds représentant les porteurs a demandé la liquidation du fonds en décembre plutôt que sa réouverture.
Le deuxième exemple concerne le M&G Property Fund qui, ne pouvant faire face aux demandes de sorties des investisseurs, a été contraint, ces derniers jours, de suspendre les rachats des parts du fonds. Il s’agit d’un fonds immobilier, avec un encours de plusieurs milliards de Livres, qui a souffert en particulier des problèmes du marché des locaux commerciaux en Grande -Bretagne. Le propos n’est pas de remettre en cause les compétences des gérants de ces fonds. Ce serait trop facile et sans doute injuste. Il s’agit plutôt, à la lumière de ces deux exemples, de rappeler quelques principes bien connus.
Big is not Beautiful
Tout d’abord, la liquidité d’un fonds n’est pas du tout liée à l’importance de la taille de l’encours. La liquidité dépend en réalité de la liquidité du marché sur lequel le fonds est investi et du poids du fonds sur ce marché. Ainsi, lorsque les problèmes apparaissent, un gros encours se révèle être, en définitive, un handicap.
Par ailleurs, comme l’AMF le souligne systématiquement, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Un gérant, même star, qui a réalisé d’excellentes performances à un certain moment, dans un certain type de marché et d’environnement économique, n’est pas assuré de pouvoir renouveler la performance indéfiniment et constamment.
Dès lors, le principal enseignement est que ni les performances passées, ni les classes d’actifs censées être peu risquées, ni la taille des fonds ne sont une assurance de sécurité des investissements. Il convient donc de s’en remettre à la diversification des investissements et de garder à l’esprit que la recherche de la maximisation de la rentabilité peut conduire à des déboires.