Steven Groslin
ASG Capital
Le Point des gérants | 6 décembre 2019 | Editorial
Les obligations alternatives restent un marché de niche
La réussite de grands fonds d’investissements, ayant des stratégies adossées aux marchés obligataires alternatifs, a été remarquable ces dernières années.
Portés par une demande croissante d’investisseurs en mal de rendement, ces fonds ont attiré de plus en plus de flux d’épargne internationale. A cette collecte se sont ajoutées de bonnes performances de ces marchés. En peu de temps, certains acteurs ont revêtu une taille industrielle, traditionnellement associée aux fonds obligataires plus classiques. Cependant, ces marchés restent dans un périmètre d’investissement de niche.
Avant 2008, le tissu d’intervenants était fondamentalement différent, composé d’une multitude de banques pour assurer la liquidité de ces marchés face à un nombre limité de fonds spécialisés ayant pour la plupart une taille plus modeste.
Des fonds devenus trop imposants
Depuis, la concentration de l’épargne sur ces marchés s’est faite à travers certains gros fonds, des intervenants qui sont devenus parfois trop imposants. Les banques, quant à elles, ont été nombreuses à se retirer de ces activités spécialisées, pour des raisons économiques et réglementaires ou parce que l’entité n’existe plus tout simplement.
Cette évolution a eu une incidence sur l’approche d’allocation d’actifs pour ces fonds spécialisés de taille importante. Certains peinent à investir, d’une manière optimale, l’épargne qui leur est confiée, car les marchés de niche ne s’y prêtent pas toujours. Ainsi, ils se trouvent à sur-pondérer les mêmes valeurs obligataires, uniquement parce que celles-ci leur restent disponibles à l’achat. En revanche, d’autres fonds s’aventurent sur des actifs encore plus exotiques jusqu’à, parfois, se retrouver seul acheteur de ce type d’obligations.
La rançon du succès
Dans ces deux cas de figure, il ne s’agit plus vraiment de choix de conviction car, mécaniquement, ils enferment leur allocation dans une camisole d’investissement. Ils sacrifient donc leur manœuvrabilité de gestion sur le moyen/long terme en polluant leurs capacités à matérialiser la valeur qu’ils ont créée ou de gérer finement l’évolution des risques.
En résumé, la rançon du succès à travers une forte collecte d’épargne rend ces gros fonds spécialisés structurellement illiquides face à des vents contraires. Actifs trop exotiques ou tailles de positions trop importantes, ‘Big’ n’est pas toujours très ‘beautiful’ quand il s’agit d’intervenir dans un monde d’investissement qui, à l’origine, reste un segment de niche.
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