Le Point des gérants | 4 octobre 2019 | Editorial
Mais ils sont fous ces taux !
La guerre commerciale entre les EtatsUnis d’Amériques et la Chine a fait chuter la croissance de l’économie mondiale à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008-2009.
En l’absence de résolution rapide des risques politiques (surtout les tensions commerciales mais aussi le Brexit), les banques centrales n’ont pas d’autre choix que d’intervenir pour continuer de repousser le spectre d’un crack obligataire. Mais cette assistance sous morphine a un prix et il n’est pas sain de placer son argent pour n’en récupérer, au mieux, qu’une partie amputée par des taux négatifs sur toute la courbe des taux.
La pandémie des taux négatifs s’amplifie pour atteindre désormais 17 000 milliards de dettes à taux négatif (25 % du stock d’obligations des pays développés) et 1 000 milliards sur les seules dettes corporates.
Les taux négatifs ont une incidence directe sur les performances futures des fonds en EURO des contrats d’assurance vie. Le placement préféré des français voit son taux de rémunération s’éroder autour de 1 %, ce qui va guider nécessairement les capitaux vers d’autres actifs, d’où la mise en place de la loi SAPIN 2 fixant la possibilité de suspendre ou limiter les retraits en cas de crise et plafonner le montant de la garantie.
A qui profite la baisse ?
En contrepartie, la baisse des taux profite aux emprunteurs tels que l’Etat français qui a pu réduire sa charge de la dette de 1,9 Mds€ cette année. Elle profite aussi aux sociétés qui restructurent leur dette en remboursant leurs obligations et en réémettant à moindre coût (ENGIE a émis un emprunt à 7 ans à un taux de 0 %). Cela profite enfin aux ménages qui peuvent s’endetter pour leur achat immobilier sur des durées plus longues, sans augmentation du coût de la dette. D’ailleurs, la Haute Autorité pour la Stabilité Financière ne s’y trompe pas et s’inquiète de l’alimentation d’une bulle immobilière.
Enfin, cette période de taux bas va nécessairement guider les flux vers les marchés actions — favorisant les rachats de leurs propres actions par les entreprises (comme ce fût le cas aux Etats-Unis d’Amériques en 2018 et 2019) — tout en soutenant les cours des actions dites de rendement (exemple Total) et en encourageant les opérations de croissance externes.
S’abonner à nos actualités