Le Point des gérants | 19 juillet 2019 | Editorial
Puissant rebond sur les marchés actions en amont de la période estivale
Après le trou d’air du mois précédent, les investisseurs sont repartis à l’assaut des actifs risqués, propulsant ainsi les indices sur leurs plus hauts annuels, voire pour certains sur leurs plus hauts historiques. Le premier semestre s’est ainsi achevé sur des performances conséquentes, laissant loin derrière nous les stigmates de la baisse éclair du dernier trimestre de l’année précédente. Ce vigoureux retournement — alors même que la macro-économie montre, comme attendu, des signes d’essoufflement — a été favorisé par le revirement des banques centrales, notamment de la Réserve Fédérale et de la Banque Centrale Européenne.
Des décisions par anticipation
Sur le vieux continent, alors que son mandat arrive à échéance en octobre prochain, Mario Draghi a fermement rappelé que l’institution se tenait prête à agir si l’évolution de la situation économique le nécessitait. Dans l’intervalle, la BCE a décidé de renforcer modestement son soutien à la croissance en lançant de nouvelles opérations de refinancement de long terme et en assurant que les taux directeurs resteront à ce niveau jusqu’à mi-2020. Finalement jugée pas assez prudente dans ses annonces (les marchés attendaient une baisse de taux), l’institution européenne a surtout cherché à lutter contre l’assouplissement de la communication de la Réserve Fédérale, car c’est bien de l’autre côté de l’Atlantique que l’on trouve les raisons du rebond des actifs financiers du mois de juin. En effet, en l’espace de neuf mois, la Fed est passée d’une anticipation de relèvement de taux, à deux ou trois reprises, à une possible double baisse des taux d’ici la fin de l’année. Menacé par la pression d’une révocation par Donald Trump d’une part, pris en otage par les marchés actions susceptibles de reproduire le mouvement de fin d’année dernière d’autre part, le Président de la Fed, Jérôme Powell, s’est résolu à ouvrir la porte à un retour d’une politique non conventionnelle.
Face à des données économiques, qui se dégradent peu à peu sous les effets de la guerre commerciale que se livrent américains et chinois, et à une inflation toujours éloignée de son objectif, la Banque centrale semble assez divisée et le changement de ton prépare à une éventuelle dégradation de l’économie américaine.
Chasse au rendement hasardeuse
Ainsi, et de manière toujours contre intuitive, ces perspectives ont dopé les indices actions mondiaux et les ont immunisés contre d’éventuelles publications d’indicateurs économiques mitigés, puisque les actifs risqués restent la seule échappatoire à la faible rémunération des marchés obligataires. Toutefois, cette chasse au rendement nous semble hasardeuse, car les deux Banques centrales semblent avoir pris ces décisions par anticipation d’un éventuel dérapage dans les relations sino-américaines pourtant renouées lors du dernier G20. Or, les marchés ont probablement acté trop rapidement une baisse des taux, et toutes déclarations n’allant pas dans leur sens pourraient les rendre nerveux. Comme souvent, la période estivale, marquée par des volumes d’échanges boursiers réduits, pourrait offrir son lot de rebondissements et de volatilité. En ce sens, la prudence dont nous faisons preuve depuis plusieurs semaines est plus que jamais d’actualité.
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