Grégoire Painvin
JMC Asset Management
Le point des gérants | 9 février 2016 | Editorial
Plus fort que la peur
NOUS ETIONS NOMBREUX en début d’année à appeler à la prudence : en 2016, l’incertitude et la volatilité allaient être de mise… Et on ne croyait pas si bien dire !
Après 10 jours ouvrés, le S&P 500 affichait le pire début d‘année calendaire. Puis, comme un mistral provençal, le vent de panique s’est décuplé, alimenté par des medias assoiffés de sensationnalisme. Sur le banc des accusés : la Chine, la croissance globale, le pétrole, le dollar, la Fed, etc. Une note d’un analyste de RBS publiée le 11 janvier appelle à tout vendre. Tout à coup, le spectre de la récession refait surface, alors qu’il y a quelques semaines encore la majorité d’économistes, analystes et autres « experts » de la place tablaient sur une situation, certes pas flamboyante, mais relativement positive.
Volatilité intraday
Dans l’arène financière, les taureaux et les ours se livrent désormais un combat acharné. Le VIX, principal indicateur de volatilité du marché américain, souvent appelé « indice de la peur », a rebondi et se maintient à un niveau supérieur à sa moyenne mobile sur 50 jours depuis la fin 2015, signe que les investisseurs restent très prudents.
Cette nervosité actuelle est confirmée par d’autres mesures de volatilité, comme le nombre de jours par mois où l’évolution de l’indice dépasse 1% (à la hausse ou à la baisse) sur une seule séance. Nous n’avons pas vu cela depuis la fin 2011 ! Pire, la volatilité est désormais intraday. En guise d’exemple, le mercredi 3 février, l’indice S&P 500 chutait de plus de 1,6% une heure après l’ouverture, avant de rebondir et finir la journée en hausse de 0,5%, soit un retournement de plus de 200 points de base en quelques heures !
L’évolution de la structure même du marché, avec la propension d’algorithmes et les désormais fameux high frequency traders, est en grande partie responsable de cette hyperactivité. L’utilisation croissante de fonds indiciels et autres ETFs, certains avec effet de levier, sont également responsables de ce phénomène.
Divergences sectorielles
Alors qu’en est-il réellement ? Sommes-nous au milieu d’une correction passagère ou au début d’un krach comme en 2008 ?
Cette question est sur toutes les lèvres mais, pour l’instant, il nous faut relativiser et, surtout, rester calme. Certes, nous nous trouvons à un croisement, avec une économie américaine qui reste polarisée entre une activité manufacturière en berne et un consommateur qui se porte bien. Mais le risque de récession, bien que grandissant, reste à priori faible.
Les performances des différents secteurs montrent également une divergence importante. En janvier, le secteur le plus performant fut celui des télécoms (+5,5%) alors que le pire fut celui des materials (-10,6%), une différence de plus de 16 points de pourcentage. C’est le 2ème mois consécutif, et le 5ème mois sur les 7 derniers, où cette différence reste supérieure à 10 points.
Toutefois, une hausse de la volatilité couplée à un renforcement de ces divergences (et/ou une baisse des corrélations) a historiquement créé un environnement riche en opportunités et propice à la surperformance des gérants actifs